Quels leviers de croissance pour les entreprises de proximité ?

SYNTHÈSES DES ATELIERS DÉBATS U2P 2018​

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Autour de la table pour répondre aux questions :

Atelier débat, "Quels leviers de croissance pour les entreprises de proximité?"

Améliorer la performance des entreprises et associer les salariés aux résultats : tels sont les deux principaux axes du Plan gouvernemental d’action pour la croissance et la transformation des entreprises. Dans le même temps, un plan de revitalisation des centres-villes est en préparation. Ces deux projets reflètent-ils les attentes des entreprises de proximité ? Qu’ont-elles à y gagner ? Quelles sont les incertitudes ?…

Cet atelier-débat a permis de passer en revue les différents leviers imaginés par nos gouvernants pour muscler les entreprises françaises, notamment les plus petites.

1. La loi Pacte

Dans un premier temps, Thierry Lange a présenté les objectifs de la loi Pacte. Pour lui, c’est «  un projet de libéralisation des énergies, pour lever freins de la croissance des entreprises ».

Des entreprises libérées, mieux financées, plus faciles à transmettre… Voilà quelques-uns des grands axes. Le représentant du ministère de l’Economie a insisté sur un point qui ne fait pas forcément consensus : le stage préalable à l’installation qui passe d’obligatoire à facultatif.

Au-delà, d’autres articles retiennent l’attention : la promotion de l’artisanat, la modification des seuils de recours aux commissaires aux comptes, la suppression du plafond des 50 salariés pour les droits de suite ou encore la mutualisation de certaines missions entre le réseau des CCI et des Chambre de métiers et de l’artisanat.

Pour Emmanuel Lechypre, la future Loi Pacte est « sans doute le texte le plus important pour changer la vie des entreprises des trente dernières années ». « Un Etat qui sanctionne moins, qui accompagne plus, tout cela va dans le bon sens. »

Maintenant, le journaliste économique demande à voir les effets concrets sur le terrain. « Les mentalités vont-elles changer ? L’Etat va-t-il vraiment jouer le jeu, sachant qu’il est davantage dans la culture du contrôle et de la répression ?… En Estonie, l’administration n’a pas le droit de vous demander deux fois le même document dans votre vie. » Applaudissements dans la salle !

 

Michel Chassang aussi demande aussi à ce que les bonnes intentions sur le papier se transforment dans la réalité. Et le vice-président de l’U2P de citer le prélèvement à la source qui n’est « pas franchement une mesure de simplification ».

Au-delà, dans le détail, Michel Chassang apprécie l’assouplissement de la création des EIRL, l’encouragement de l’épargne salariale, la suppression du forfait social, l’harmonisation des contrats d’épargne retraite…

Au rayon des regrets, figure au premier rang la volonté de commencer par le seuil de 20 salariés (« Pourquoi pas 10 d’abord ? »), la question des conjoints collaborateurs « pas assez prise en considération » ou encore la suppression du stage à l’installation qu’il a qualifié de « mesure de déqualification ».

Applaudissements dans la salle

Sur la question spécifique de l’épargne salariale, Michel Cottet partage pleinement l’avis de Michel Chassang. Le président de la SIAGI a ainsi réfléchi à la possibilité de garantir les prêts de salariés aux entreprises. Et même pourquoi pas à leurs propres entreprises ! Car pour lui, « il n’y a pas que l’endettement dans la vie, l’investissement compte aussi !


Toujours sur la loi Pacte, Sophie Thiery a rappelé la nécessité de prendre en compte la santé des entrepreneurs. « Tous les problèmes des petits chefs d’entreprise pèsent beaucoup sur leur santé. La morosité est un frein. Et pour bien s’occuper de ses collaborateurs, il faut d’abord prendre soin de soi. » La directrice des relations du groupe Aseo a donc mis l’accent sur la proximité que sa mutuelle cherchait à « réinventer avec les adhérents. »

2. Plan de revitalisation des centres-villes

De proximité, il en a été aussi beaucoup question dans la deuxième partie de cette table ronde, consacrée à la revitalisation des centres-villes et bourgs.

Le sénateur du Cher Rémy Pointereau a travaillé pendant un an et demi sur cette question délicate. Pour lui, la situation est alarmante. Le taux de vacance commercial à l’échelle nationale est de 10 à 12%, mais monte à 25% dans des villes comme Vierzon, 26% à Guéret et même 29% à Calais.

« 700 villes sont en grande difficulté. Des villes moyennes, mais aussi petites de 6 000 à 7000 habitants. Dans le même temps, entre 2014 et 2017, on est passé de 14 à 17 millions de surfaces commerciales. Et depuis 2005, ce chiffre a augmenté de 65%, alors que la conso n’a augmenté que de 38% ! »

Faire revenir les habitants, encourager les consommateurs à laisser des services publics, diminuer les normes, renforcer le Fisac… Voilà quelques-unes des mesures préconisées par Rémy Pointereau et son collègue sénateur Martial Bourquin. Qui prennent également en compte la problématique des zones commerciales en périphérie.

Pour le parlementaire, le plan du gouvernement, qui prévoit 5 milliards d’euros sur cinq ans pour 222 villes, ne va « pas assez loin ». « C’est complémentaire à ce que nous avons proposé », a-t-il insisté. « Mais la somme annoncée compense simplement la baisse des dotations aux collectivités. »

Sur le sujet, Emmanuel Lechypre se montre encore plus clair. « Selon lui, on ne pourra discuter qu’à partir du moment où on aura le haut débit partout en France. C’est le plus urgent ! »

Sabine Basili, elle, veut faire du volontarisme un mode d’action. La vice-présidente de l’U2P a annoncé le lancement d’un grand appel à projets auprès des u2P territoriales pour faire émerger des diagnostics partagés des solutions concrètes. Elle en est persuadée, les entreprises de proximité sont « les mieux placées pour relever le défi ». Rendez-vous au Salon des maires, du 20 au 23 novembre, pour échanger. L’U2P y aura un stand.

Michel Chassang partage l’optimisme de Sabine Basili. Et la meilleure preuve que la proximité est une voie d’avenir vient d’ailleurs de la grande distribution. Les enseignes cherchent toutes à réinvestir dans les centres-villes.

Emmanuel Lechypre : « Chez les grands patrons de la distribution, le rêve du magasin de demain, c’est le magasin d’il y a cinquante ans. »

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