Le syndicalisme patronal 4.0

SYNTHÈSES DES CONFÉRENCES DÉBATS U2P 2017​

Télécharger

Télécharger la synthèse de la conférence débat du forum de l'U2P

Intervenants de cette conférence débat :

Conférence débat, "Le syndicalisme patronal 4.0"

L’internet a déjà commencé à bouleverser nos vies mais ce n’est qu’un début dans un monde du travail qui va encore beaucoup évoluer. On parle là  d’une quatrième révolution industrielle après celles de la vapeur, de l’électricité puis de la robotisation.

L’industrie 4.0 ce sont des entreprises qui peuvent être traditionnelles mais hyperconnectées, en réseau, sans hiérarchie et quasiment autonomes, avec des robots ou des imprimantes 3D, propres et économes en matières premières. 

Quel rapport avec le syndicalisme patronal ? L’objectif de ce titre est de montrer que le système de représentation et de défense des entreprises doit s’adapter et réfléchir à sa propre révolution. Face à la perte du réflexe d’adhésion à une organisation patronale, face aux critiques de plus en plus nombreuses du système de représentation des entreprises et des salariés, il faut agir.

Les organisations patronales ont elles vocation à reproduire un système de défense des intérêts collectifs tel qu’il a été conçu pour l’essentiel au milieu du siècle dernier ?  Quelle direction prendre pour se rendre attractif auprès des chefs d’entreprise et répondre à leurs attentes ? Privilégier l’accompagnement individuel immédiatement rentable ou développer des liens sociaux et des communautés de pensée ?  Comment peser sur la décision publique ?

L’U2P est composée d’un réseau d’organisations particulièrement riche et varié (organisations interprofessionnelles, multi-professionnelles, de branche). Ce qui rend d’autant plus urgente la nécessité de réinventer les missions de ces organisations de même que les interférences entre elles et avec l’U2P : subsidiarités, mutualisations, offres collaboratives…

C’est à Patrick Liebus qu’est revenu le soin de présenter les objectifs de cette rencontre.

Des objectifs à définir

 

Le syndicat patronal 4.0. Pourquoi ce choix ? Pourquoi ce titre ? Pourquoi cette table ronde ?

L’essence-même de ce débat était de définir en quoi la révolution Internet, que d’aucuns assimilent à la 4e révolution industrielle de l’ère moderne après l’avènement de la vapeur, de l’électricité et de la robotisation, peut (et doit) inciter les syndicats patronaux à évoluer, qui sait à prendre un nouveau virage, pour défendre au mieux les intérêts de celles et ceux qu’ils représentent.

« Il s’agit de nous projeter dans ce que nous sommes et ce que nous serons, prévient Patrick Liebus. Le 4.0, c’est la connexion, le social, la communication rapide au service de nos membres. »

« Définir les objectifs de cette matinée, poursuit-il, c’est chercher à élaborer les moyens de nous adapter et de répondre aux exigences modernes dans un délai aussi court que possible. »

 

Quid de la représentation syndicale patronale ?

 

De l’état des lieux dressé par Christophe Barbier sur la représentation patronale en France, ressortent quelques chiffres édifiants. « Et aussi un constat inquiétant, éclaire l’éditorialiste. Je peux dire les choses brutalement, car je ne suis pas des vôtres. Si je ne suis pas inquiet pour l’entreprise, je le suis beaucoup plus pour sa représentation, car votre mouvement ne s’est pas doté des outils les plus efficaces. »

Pour Christophe Barbier, le système actuel est à la fois « illisible, injuste et archaïque »

« Illisible, car le critère d’audience des organisations syndicales est un shake up qui masque des chiffres plus complexes. Entre la répartition de l’argent des fonds paritaires et celle des mandats, on ne comprend rien. »

Pourquoi le système est-il injuste ? « Pour être juste, la mesure de la représentativité patronale devrait être calculée selon le principe : 1 entreprise = 1 voix. Ce n’est pas le cas et ce n’est pas normal. »

Et l’archaïsme ? Là encore, Christophe Barbier a un point de vue tranché. « Ne pourrait-on pas imaginer que la représentativité patronale soit reconnue différemment ?, interroge-t-il. Au regard de l’influence des entreprises sur la société, sur la vie de nos concitoyens, sur l’interface avec les usagers, sur le dynamisme des entreprises adhérentes, sur l’innovation ? »

Il poursuit : « Le syndicalisme patronal souffre d’une crise de représentativité, matérialisée par un manque de désir d’union et d’ouverture, mais aussi de modernité et de pensée. Celui qui s’arrête est mort. Or, pour penser, il faut parfois s’arrêter. Ce que vous ne pouvez faire. Donc, il faut trouver des gens qui penseront pour vous. »

 

Le deuxième sujet abordé tenait en une interrogation : pourquoi est-il important de s’engager ?

 

« A cette question, toutes les personnes dans la salle peuvent apporter leur propre réponse », clame Bernard Vivier. Lequel renvoie à la genèse du mouvement syndical en 1884, pour expliquer la force de l’engagement.

« Cet engagement, explique-t-il, a été impulsé par un grand républicain, Waldeck Rousseau, alors ministre de l’Intérieur, qui voulait organiser le marché du travail entre les salariés. Ses valeurs sont restées les mêmes. Quand on est seul, isolé, on est perdu. »

« Pourquoi s’engager ?, reprend-il. Parce que nous sommes des femmes et des hommes libres. »

Il conclut : « Non à l’Etat despotique, non à l’économie sauvage, oui au besoin naturel d’être ensemble. »

 

Alors, comment agir pour l’avenir ?

 

Christophe Barbier : « La conception de la défense des intérêts collectifs est obsolescente. Que sont vos intérêts collectifs quand on ne parle que de mondialisation. Je fais confiance à votre humanisme pour trouver votre voie. »

Patrick Liebus: « Notre chance, c’est la proximité. On a une histoire, une vie réelle. C’est le rôle de nos organisations d’arriver à approcher et aider l’entreprise de manière équilibrée, notamment face à la concurrence. »

« On aura toujours besoin de nos professions. Le client cherche la durabilité, le contact humain. Les moyens modernes doivent nous permettre de faire savoir qui nous sommes. Mais ne comptons pas sur les autres pour mettre en place les outils qui nous permettront d’évoluer et de servir au plus près nos clients. On peut être moderne dans la relation à l’humain, la développer en s’adaptant. L’adaptation, c’est la force de l’homme. Notre pérennité passera par là. »

Bernard Vivier : « Grâce à la mutualistion des idées et la capacité d’innovation des chefs d’entreprise, l’efficacité de l’action peut et doit porter. »

 

Comment réinventer un nouveau syndicalisme patronal ?

 

A cette question, Christophe Barbier livre une réponse en plusieurs points : « Pour grandir et évoluer, vous ne pouvez pas faire l’économie des outils de l’innovation, estime-t-il en premier lieu. C’est votre première base de travail et de développement. »

Concernant le contact humain, il le reconnaît comme étant un étendard des commerçants, artisans et professions libérales. « Mais il doit se moderniser, assume-t-il. Seul, il ne peut demeurer une force. Grâce aux nouvelles technologies, ce contact deviendra interactif. »

M. Barbier évoque également la nécessité de « réorganiser la mobilisation collective, dans un sens plus affûté ». « Il est impératif de faire entendre une même voix à plusieurs lorsqu’il le faut. Et pas seulement une voix négative. Porter une idée de manière collégiale peut déboucher sur une démarche joyeuse et productive. »

En conclusion, l’intervenant lance un appel aux entreprises : « Ne lâchez pas le combat cardinal de la modernité. Continuez à vous investir pour qu’il y ait moins d’entraves et moins de paperasses. Il en va de votre liberté ! »

 

Conclusion

 

Après un débat avec la salle, qui a regorgé de questions pertinentes, sur la représentativité syndicale, le manque de la visibilité de l’U2P dans les médias. « Y’a-t-il un José Bové dans la salle ? », a même apostrophé un usager de Facebook- ou encore la peur de l’engagement syndical durable, le mot de la fin est revenu à Patrick Liebus.

Nous avions besoin d’entendre la parole de ceux qui nous observent sans forcément être avec nous, a-t-il dit en s’adressant aux deux autres intervenants.

La direction à prendre, l’U2P l’a comprise : la France doit savoir qui nous sommes. Il est essentiel que nous nous organisions pour agir sur cette nécessité du faire savoir.

Revenir en haut de la page